Pour gagner en bourse hier, il fallait avoir l'oreille collée sur "Radio Londres" ! C'est en effet les pieds en terre britannique où il donnait une conférence que Draghi a voulu porter un coup digne du père François à des marchés financiers pris d'abord à revers avant de s'engouffrer dans la spirale d'une euphorie débridée à la suite des propos du patron de la BCE... Au total le cac 40 est monté en flèche sans fioritures avec un score au compteur de +4%. L'édile de l'institut de Francfort en annonçant qu'il ferait tout afin de sauver la zone euro et à redonner de l'air aux états étranglés par la spéculation sur leur dette souveraine n'a rien dit d'autre que l'institution ne manquerait pas d'intervenir sur le marché obligataire en rachetant de l'emprunt espagnol ou italien, peut-être par le biais d'ailleurs d'un MES dont une licence bancaire lui permettra d'oeuvrer à ces fins. Le palais Brongniart à l'instar de l'ensemble des actifs à risques pouvait se délecter de l'intervention du Transalpin, prétexte à ce bond des actions françaises, lesquelles ont tordu le cou aux pronostics unanimes d'un consensus trop largement acquis à la sinistrose. L'effet "contrarien" par excellence bien connu dans la pratique du trading.
Alors les questions peuvent naturellement fuser : pourquoi notamment attendre aussi longtemps avant de se réveiller ? Il est vrai que l'initiative de reprendre les rachats de dettes publiques dont le programme est gelé depuis février dernier semble tardive si l'on en juge les 7.5% du taux à 10 ans du papier espagnol ou des 6.4% de la signature de Rome ? Draghi en bon pompier de service arrive toujours à l'utime instant a priori. Un peu à la manière d'un Zorro de la haute finance. Une hypothèse tiendrait du fait qu'il convenait d'attendre le pourrissement à son comble de la situation de la crise pour que la BCE surgisse car n'oublions pas que la bundesbank ou la banque centrale néerlandaise se sont toujours opposées à ces entreprises de secours, estimant que la BCE n'avait pas vocation à racheter directement de la dette souveraine. De facto, désormais que par exemple Moody's a tiré la sonnette d'alarme à l'endroit du maillon le plus fort de la zone euro, l'Allemagne (avec les Pays-Bas et le Luxembourg), en abaissant la perspective de stable à négative sur le triple A, Draghi a davantage les coudées franches histoire de faire avaler la pilule à Berlin en proie dorénavant à des sanctions sur ses ratings. Il s'agit d'une histoire de timing opportun in fine.
Si sur le marché obligataire les rendements des membres en délicatesse se sont détendus, le forex trading attestait de son côté du soulagement des cambistes ; l'euro dollar offrait un spectaculaire saut de grosso modo 1.2140 à 1.2300$. La course effrénée envers les refuges a donc vécu ; celle qui consiste à courir derrière le risque à tout-va prend le relais sans scrupule. "Encenser aujourd'hui ce que l'on brûlait hier". Ainsi va le monde du day trading et de la haute finance. De fait, ces variations compulsives ajoutent au sentiment d'une construction anarchique. En somme il faut prévoir d'ores et déjà de sévères revers de médaille sur l'échiquier graphique de la bourse de Paris. L'Asie au réveil prend acte sans toutefois connaître les accès d'enthousiasme de l'occident la veille. Tokyo grimpe de 1.3%, Hong-Kong la place la plus favorisée s'adjude 2% quand Shanghai plus récalcitrante est à l'équilibre. Enfin, attention du côté du forex, le gain sur la paire phare EUR/USD du marché des changes ne serait à l'abri de tout reflux puissant que sur fracture au nord du 1.2350 selon ce que nous stipulons sur l'analyse des devises par ailleurs...
La prudence sera le fil rouge de cette séance de trading intraday étant entendu que la dynamique de jeudi avec un directif d'une telle ampleur appelle inéluctablement à de la confirmation sous peine de voir très vite le ballon de baudruche se dégonfler. Néanmoins la case "volume" atteste que l'adhésion fut assez convaincante sur la hausse d'hier. Dans ce contexte, nous traçons une fourchette pour occuper le trading ce vendredi entre 3240 et 3180. Ces fameux 3180 points qui nous avaient déjà servis précédemment comme repère essentiel afin de poser des jalons intéressants sur le théâtre graphique du cac40. Un repli en deçà de la marque en question ne serait pas un bon présage en tous les cas. Au nord, il est très difficile d'exploiter le moindre seuil tant nous sommes dans le flou. Méfiance. Le second acte de la pièce pourrait jouer un nouveau tour prochainement. Pas forcément du même acabit. Sur l'agenda des statistiques, l'oncle Sam annoncera son PIB et la confiance des consommateurs du Michigan.
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